Un film qui a bien failli ne jamais voir le jour

Bien qu'ils soient pavés de louables intentions, le devenir de leur oeuvre reste incertaine. La MGM confie tout d'abord la production du film à George Pal (La Machine à Explorer le Temps, La Guerre des Mondes) et l'écriture du scénario à Richard Maibaum, ce dernier étant connu pour avoir adapté la plupart des James Bond au cinéma. En novembre 1968, Nolan et Johnson reçoivent le reste du paiement des droits cinématographiques. Peu de temps après, Nolan rencontre Maibaum lors d'un déjeuner à Berverly Hills durant lequel ils échangent des idées. Maibaum est alors en pleine phase d'écriture et, selon Nolan, il a la tête bourrée à craquer d’idées stupides, aucunes n'ayant un quelconque lien avec le roman d'origine. En effet, le réalisateur n'a ni plus ni moins l'intention de transformer le personnage de Logan en une sorte de James Bond du futur... Nolan proteste, en vain: l'autre fera le film comme il l’entend. Par chance un imprévu survient : mai 1969, George Pal est évincé, le film se retrouve de nouveau à l'état de projet embryonnaire. A ce stade, Nolan reste convaincu que son oeuvre ne verra jamais le jour, sauf que quatre ans plus tard (1973), après maintes déconvenues, le projet finit par enfin trouver preneur : Cette fois-ci c’est à Saul David (Le voyage fantastique) qu’incombe la production du film (Budget : 9 millions de dollars), sur un scénario de Stanley Greenberg. David pense deviner la raison des échecs successifs de ses prédécesseurs George Pal et Irwin Allen dans l’obtention du feu vert de production : trop couteux. Pourquoi ne pas concentrer les différents concepts de l'Age de Cristal en les réunissant en un tout unique, comme les gigantesques cités futuristes décrites dans le roman par exemple : en effet au lieu de se ruiner et en faire plusieurs, quand on peut se contenter d’une seule ? Une cité sous-marine par ex ? Bingo. Avec ce plan de compression, le budget n’atteignait désormais plus les sommets pharaoniques budgétaires nécessaires à la construction d'un Los Angeles du futur... Dan Melnick, directeur de production à la MGM approuve et donne le feu vert nécessaire au début de la production du film. Attention car tout ne demeure pas si simple, même dans le meilleur des mondes, en effet le scénariste Stanley Greenberg malade doit être remplacé au pied levé par David Zelag Goodman. (Erreur monumentale selon William F. Nolan) : Goodman n'avait jusqu'alors jamais écrit de science-fiction, de fait, sa version finale du scénario trahit le concept original sur de nombreux points... L'âge limite de vie est mystérieusement repoussé à 30 ans (certaines rumeurs prétendent que le studio avait déjà casté Michael York et Richard Jordan pour tenir les rôles de Logan 5 et Francis 7, et il n'y avait vraiment aucun moyen de faire passer les deux acteurs pour plus jeunes qu’ils n’étaient : Michael York ayant déjà 34 ans lors du tournage, et Richard Jordan, 38 !). De plus, le film fait impasse sur certains points importants du roman, en effet rien ou presque n'est expliqué quant aux raisons du système établi, vie limitée à 30 ans et on n’évoque pas du tout l'aspect sociologique d'une société jeune qui n'apprend plus rien: bref, exit tout ce qui faisait le coeur et l'originalité du roman.